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jean-paul baquiast - Page 5

  • Les corporatocraties dans la cyberguerre

    Nous reproduisons ici un article de Jean-Paul Baquiast, animateur du site Europe solidaire, ainsi que du remarquable site scientifique Automates intelligents, consacré à une réflexion sur l'affaire Wikileaks et ses implications.

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    Les corporatocraties dans la cyber-guerre

    Dans la guerre du faible (les cyber-citoyens) au fort (le Système politico-financier ) il serait très naïf de supposer que le fort ne pourra pas retourner contre le faible les armes utilisées par celui-ci.

    John Naughton, du Guardian est moins naïf. Il écrit le 6 décembre, à propos de ce que certains nomment la cyber-insurrection menaçant le Système politico-financier dans la suite de l 'affaire WikiLeaks  :
    «  Politicians now face an agonising dilemma. The old, mole-whacking approach won't work. WikiLeaks does not depend only on web technology. Thousands of copies of those secret cables – and probably of much else besides – are out there, distributed by peer-to-peer technologies like BitTorrent. Our rulers have a choice to make: either they learn to live in a WikiLeakable world, with all that implies in terms of their future behaviour; or they shut down the internet. Over to them.»

    La phrase importante est la dernière: « Ou bien nos dirigeants apprennent à vivre dans un monde rendu poreux par des fuites du type de celles réalisées par WikiLeaks (WikiLeakable) avec tout ce que ceci implique concernant la modification de leurs futurs comportements, ou bien ils ferment l'Internet »

    Il n'y a que les dirigeants un peu benêts ou attardés du cortex, comme les Chinois ou le gouvernement français, pour envisager encore de fermer ou simplement de réglementer Internet. Cet heureux événement ne surviendrait que dans une guerre faisant un large usage des bombes à neutrons ou dans la perspective peu probable dans l'immédiat (mais pas impossible) d'un flash électromagnétique d'origine solaire.

    Il leur reste donc à s'adapter au cyber-monde, afin de retourner contre les cyber-contestataires ou les cyber-adversaires, les armes dont disposent ces derniers. Il n'y a là rien que de très faisable pour qui dispose de l'argent et de l'influence. Le Corporate Power, ou plus exactement, pour élargir la définition, les Corporatocraties, qui associent la puissance des firmes à celle des Etats, disposent d'assez de moyens pour recruter des milliers de jeunes gens très avertis. Ils auront vite fait de saturer le cyber-espace de messages contradictoires, parlant au nom de n'importe qui et défendant n'importe quelle cause, si bien que les intelligences moyennes comme les nôtres ne sauront plus qui parle, ne feront plus confiance à personne et finiront par retourner à leurs méditations solitaires.

    Le procédé n'aura rien de nouveau. On sait très bien comment dans les dernières décennies, les corporatocraties ont retourné à leur profit, pour la propagande politique ou la publicité commerciale, la presse écrite, la radio et la télévision. Toutes pratiquent le « greenwashing » idéologique. Pour ma part, j'écoute encore la radio et regarde la télévision, à certaines heures et en choisissant certaines émissions. Mais même dans ces cas, je peux mesurer, en faisant le compte des messages communicationnels toxiques ou pourris que j'identifie, le nombre infiniment plus grand de ceux que je n'identifie pas et qui formatent en permanence mon pauvre cerveau. Je suis immergé dans ce que les spécialistes pourraient désigner du terme de Système anthropotechnique de la Communication globale.

    C'est de cette façon que les corporatocraties interpréteront la recommandation que leur fait John Naughton «  learn to live in a WikiLeakable world ». Rien ne leur sera plus facile à faire en ce sens: dépenser des millions en dollars et en intelligence mercenaire pour saturer l'Internet de messages non interprétables. Bien évidemment, elles n'ont d'ailleurs pas attendu. Si bien que moi-même, je l'avoue, je me suis demandé pour qui « roulait », comme l'on dit, Assange.

    Mais le soupçon sera partout. N'a-t-on pas suggéré que le mot d'ordre lancé par le site ayant pris Eric Cantonna pour emblème avait fait le bonheur des spéculateurs sur les métaux précieux. Vu la bulle immédiate qui s'était produite sur le cours de l'or, certains ont du réaliser en une nuit de sympathiques bénéfices. La contestation du Système peut mener à tout.

    Jean-Paul Baquiast (Europe solidaire, 9 décembre 2010)

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  • Pour une Europe forteresse !

    L'excellent site Europe solidaire, que nous avons déjà cité à plusieurs reprises, vient de mettre en ligne un texte important intitulé Pour une Europe forteresse et signé Jean-Paul Baquiast. Nous reproduisons ci-dessous son introduction. 

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    Une Europe forteresse ?

    par Jean-Paul Baquiast

    Le terme d'Europe Forteresse ou de Forteresse Europe est généralement utilisé par les Européens partisans du libre-échange pour stigmatiser (on stigmatise beaucoup en ce moment) des compatriotes égoïstes, aveugles aux nécessités et contraintes de la mondialisation, voulant s'enfermer sur eux-mêmes en espérant ainsi échapper à la compétition avec le reste du monde. Faut-il préciser cependant que beaucoup de ceux qui raillent le concept de Forteresse Europe sont généralement les représentants d'entrepreneurs pour qui le libre-échange signifie délocaliser dans les pays pauvres toutes les activités industrielles et de service européennes. Ils emploient dans des conditions indignes une main-d'oeuvre locale à $1 par jour, pour revenir en Europe écouler 10 à 30 fois plus cher les produits de leurs activités. Ils se gardent bien de réinvestir en Europe les bénéfices ainsi réalisés. Le plus souvent ils les mettent à l'abri dans des paradis fiscaux afin de spéculer sur l'énergie, les matières premières, les produits alimentaires et les dettes des Etats.

    Nous pensons pour notre part que redonner toute sa légitimité au concept de Forteresse Europe serait au contraire indispensable aujourd'hui, alors que les opinions publiques européennes ne se perçoivent pas encore comme appartenant à une puissance géopolitique spécifique, en compétition avec d'autres puissances disposant d'atouts pouvant être supérieurs aux siens. Seules des populations assiégées peuvent être sensibles à la nécessité de bâtir une forteresse leur permettant de résister. Malheureusement les Européens ne se considèrent pas encore comme assiégés. Pourtant ils le sont. Non pas d'abord par d'autres populations, mais par des forces politiques, économiques, environnementales contre lesquelles ils ne savent comment se défendre.

    Cette prise de conscience des dangers s'impose pour que les opinions acceptent les changements permettant à l'Europe de valoriser ses propres avantages et se renforcer. Devrait-elle le faire sur le mode de la forteresse passive, enfermée dans ses murailles et incapables de résister aux agressions par la mobilité et l'offensive ? Certainement pas. Plutôt qu'évoquer la ligne Maginot, nous préférerions rappeler le vieux souvenir des forteresses volantes américaines de la 2e guerre mondiale (Flying Fortress) qui étaient à la fois bien défendues et capables d'actions offensive très efficaces.

    Les bonnes âmes feront valoir une autre objection, s'inspirant de la morale. Si les Européens prétendaient se barricader derrière des murs, à partir desquels ils pourraient lancer des offensives leur permettant de se défendre sur un mode plus actif, ne feraient-ils pas preuve d'un égoïsme odieux, au regard de tous les peuples misérables? Admettons qu'effectivement, avec le concept de Forteresse Europe, sous-entendant le passage à ne véritable économie de guerre, comme nous le verrons, les Européens voudraient d'abord se protéger de ceux qui veulent les assujettir et s'emparer de ce qui leur reste de ressources. Ce ne serait pas en se laissant dépouiller de tout, en gardant portes et fenêtres grandes ouvertes, comme c'est le cas actuellement, qu'ils pourraient contribuer à la survie de l'humanité. Mais rien n'interdirait à l'Europe, si elle devenait capable de se protéger elle-même, d'adopter des causes plus universelles, en y apportant des moyens renouvelés. Ceci avait d'ailleurs été esquissé avant la crise actuelle en matière de protection de l'environnement, d'aide à la lutte contre la faim et la maladie, de soutien aux droits de l'homme.

    Pour bien faire comprendre le sens que nous souhaitons donner au concept de Forteresse Europe, il faudrait l'enrichir des propriétés dont notre groupe (voir Jean-Claude Empereur, Pour une vision géopolitique européenne) a par ailleurs proposé de doter l'Europe: une Europe puissante, indépendante, souveraine et solidaire (solidaire d'abord en interne mais aussi, dans la limite du possible, à l'international). Aucune de ses propriétés n'est incompatible avec ce que devrait être selon nous la Forteresse Europe. Le concept serait totalement compatible avec celui d'Europe-puissance, que nous avons souvent évoqué dans d'autres écrits et conférences. Les Européens sont les seuls au monde à se méfier de la puissance, sans doute du fait qu'ils se souviennent encore des conflits du 20e siècle découlant d'affrontement entre puissances. Aujourd'hui pourtant, outre la superpuissance américaine qui fait tout pour le rester, les grands Etats ne se cachent pas de vouloir devenir ou redevenir des puissances. C'est notamment le cas de la Chine, de l'Inde du Brésil et de la Russie. Ces Etats se comportent tous, ouvertement ou de facto, pour devenir des forteresses – en plaidant cependant pour le libre-échange et la non-intervention, c'est-à-dire pour que les autres Etats ne puissent se fortifier.

    Compte tenu de ce qui précède, la présente note vise à préciser pourquoi l'Europe, associée dans de nombreux domaines la Russie, devrait s'affirmer comme une Forteresse en termes géopolitiques. Elle propose ensuite un certain nombre de moyens pour y parvenir.

    Lire le texte complet :

    Pour une Europe forteresse I

    Pour une Europe forteresse II

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  • L'Europe et le vide de la puissance

    Jean-Paul Baquiast, animateur du site Europe solidaire et du site scientifique assez remarquable Automates intelligents, a publié en 2008, aux éditions Jean Paul Bayol, L'Europe et le vide de la puissance. Ce farouche défenseur de l'indépendance européenne y défend un projet néo-colbertiste particulièrement vigoureux. Des thèses qui mériteraient d'être débattues par tous ceux qui rêvent d'une autre Europe.

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    "L'Europe, déjà en manque de souveraineté juridique et politique, ne peut aujourd'hui acquérir la souveraineté économique et technologique dont elle aurait besoin pour résister aux super-États qui dominent le monde. Ceux-ci pratiquent sans complexe l'interventionnisme et la guerre économique, en attendant de s'affronter dans de véritables conflits.

    À ces risques géopolitiques s'ajoutent les crises climatiques, environnementales et démographiques dont on ne mesure pas encore toute l'ampleur.

    Ce livre envisage quelques voies permettant aux Européens de combler en partie leur vide de puissance. Elles supposent beaucoup de sacrifices dans le domaine matériel et des investissements considérables dans les sciences, les technologies et les industries nouvelles. Elles pourront réveiller, notamment à l'Est, les vieilles peurs du collectivisme et du dirigisme bureaucratique. Nous voudrions que le lecteur ne s'arrête pas à ces craintes. Il faut bien mesurer que la civilisation européenne ne survivra, dans un monde de trois milliards d'hommes aux revenus ne dépassant pas deux dollars par jour, que si elle propose à ses ressortissants d'autres perspectives que celle d'une consommation irresponsable."

     

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